Nihel Uzumaki Administrateur

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Localisation: ANNABA   : Nihel KAJIURA Année d'étude: 3ème année Point(s): 138 Moyenne de points: 0,86 Remerciment: 756
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Posté le: Jeu 15 Oct - 16:26 (2009) Sujet du message: Interrogation sur les effets des IEC sur le déclin cognitif du sujet âgé |
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L’hypertension artérielle est un facteur de risque associé à la survenue d’une démence. Les données issues de l’expérimentation animale suggèrent que les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) à action centrale pourraient exercer un effet protecteur vis-à-vis des démences, au-delà du contrôle tensionnel, dans la mesure où ils sont capables de franchir la barrière hémato-encéphalique. Cette hypothèse n’a guère été étayée chez l’homme. Un sous-groupe de 1 054 patients (âge moyen, 75 ans) inclus dans la Cardiovascular Health Study a été réservé à l’étude des fonctions cognitives. Le suivi a été de 6 ans (médiane). L’objectif était de rechercher un éventuel effet cumulatif de l’exposition chronique aux IEC actifs au niveau central. Dans tous les cas, il existait une HTA traitée par un IEC ou d’autres antihypertenseurs. En revanche, il n’y avait pas d’insuffisance cardiaque congestive, tout au moins à l’état basal au sein de ce sous-groupe. Les fonctions cognitives ont été évaluées régulièrement au moyen du MMS (Mini-Mental State) modifié et d’un autre test prenant en compte l’aptitude à réaliser les diverses activités instrumentales de la vie quotidienne. Au total, 414 participants ont été exposés aux IEC et 640 à d’autres antihypertenseurs. Au sein de ces deux groupes, 158 cas de démence ont été identifiés. La comparaison des deux groupes de traitement montre l’absence d’association entre exposition aux IEC et risque de démence (risque relatif, RR, 1,01), scores au MMS et risque de handicap dans les activités de la vie quotidienne (odds ratio, OR= 1,06). Cependant, les IEC doués d’une action centrale ont été associés à un déclin moindre de 65 % des scores du MMS par année d’exposition (p=0,01). A l’inverse, les IEC sans effet central ont été associés, pour leur part, à un risque plus élevé de démence, le RR ajusté étant en effet de 1,20/année d’exposition et l’OR ajusté de handicap au quotidien étant de 1,16, versus d’autres antihypertenseurs. Que conclure ? Les études de sous-groupes ne sont pas contrôlées comme l’est l’essai qui a permis leur constitution : là est la clé de voûte du raisonnement. L’approche post-hoc, dans ce sens, ne peut aboutir qu’à des hypothèses, ce qui est le cas ici. A l’intérieur de la classe des IEC, il pourrait certes exister des médicaments individuellement capables d’influer sur le déclin cognitif du sujet âgé ou encore sur le risque de démence. Rien n’est moins sûr : il faut passer par des études randomisées visant à conforter cette hypothèse avant de conclure prématurément aux effets mirifiques de tel ou tel IEC…
Dr Philippe Tellier
Sink KM et coll.: Angiotensin-Converting Enzyme Inhibitors and Cognitive Decline in Older Adults With Hypertension Results From the Cardiovascular Health Study. Arch Intern Med 2009; 169: 1195-1202.
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